« En tant qu’opérateur offshore responsable, Total doit assurer la protection de ses opérations, c’est-à-dire la protection de ses personnels, des personnels de ses contractants comme de l’ensemble de ses installations et des moyens logistiques mis en œuvre »,rappelle Hubert de Bremond d’Ars, en charge de la sûreté maritime chez Total. A ce titre,«le Nigéria est le pays le plus exigeant au monde»(1),insiste l’expert. Pour faire face à cette situation particulière, le groupe a déployé un dispositif spécifique. Ainsi, une flotte de navires de sûreté, positionnés sur les quatre champs offshore opérés par la compagnie dans ce pays (Amenam, Odudu, Ofon et Akpo), complète les systèmes radar qui équipent chacune des plates-formes de ces champs.

«Nous souhaitions renforcer et optimiser l’efficacité de ce dispositif grâce à la mise en place d’un système centralisé qui assure le contrôle et la supervision de l’ensemble des opérations»,explique Hubert de Bremond d’Ars. Pour ce faire, la compagnie pétrolière s’est tournée vers la société Sofresud, implantée à la Seyne-sur-Mer (Var). Cette PME innovante, spécialisée dans les systèmes de défense navale, a notamment développé une solution de surveillance maritime et de gestion de flotte dénommée VMAS (Vessel Monitoring and Alert Systems).

Un suivi temps réel

Conçue initialement dans le cadre du projet de recherche industrielle Sargos(2), cette solution permet notamment d’identifier des mouvements de navires dans une zone maritime donnée et de générer des alertes adaptées aux besoins de l’utilisateur. Concrètement, les informations acquises par les capteurs radar des plates-formes sont fusionnées avec celles émises par les AIS (Automatic Identification System)(3)des navires circulant dans la zone. L’ensemble de ces informations est visualisé sur des cartes marines électroniques, alors qu’un algorithme peut détecter des comportements dits «non-coopératifs». De plus, cette application étant accessible par le Web, les actions de monitoring et de surveillance peuvent être effectuées à partir de n’importe quel point déporté par rapport à la zone maritime concernée.

«Depuis notre Maritime Operation Center (photo), implanté sur notre base logistique d’Onne, à Port Harcourt, nous disposons ainsi d’une couverture radar sur une zone d’environ 120 nautiques de profondeur»,précise Hubert de Bremond d’Ars. Par ailleurs, les informations communiquées par les systèmes AIS permettent d’avoir un suivi temps réel des navires émetteurs au-delà de la zone de couverture radar. Autre avantage de cette solution:«Nous pouvons également vérifier, à distance, la qualité des réglages des radars des plates-formes et, si nécessaire, échanger avec l’opérateur concerné pour les optimiser»,explique le responsable de la sûreté maritime. Enfin, grâce à l’archivage des données et à la fonction «replay», il est possible de restituer l’historique d’une situation.

D’autres besoins opérationnels

Initié au début de l’année 2014, le déploiement de cette solution innovante s’est achevé en novembre dernier.«Nous disposons désormais d’un système qui présente une information claire et temps réel avec une bonne fiabilité et qui a permis à notre organisation de faire un bond en avant en termes de sécurité et de sûreté avec une solution simple et techniquement solide. De plus, ce système a été développé par une PME à un coût raisonnable»,se félicite Hubert de Bremond d’Ars, précisant que cette solution peut répondre à d’autres besoins opérationnels, par exemple logistiques pour optimiser le planning des opérations.

En outre, VMAS est évolutive et ouverte.«J’ai proposé, dans le cadre du Groupe du G7 des Amis du Golfe de Guinée(1), que ce système soit adopté par l’ensemble des compagnies pétrolières opérant dans l’offshore de cette zone»,indique Hubert de Bremond d’Ars.« En matière de sûreté et de sécurité, les opérateurs pétroliers ne sont pas concurrents et ont des intérêts communs. A partir du moment où nous aurions défini des standard d’intégration dans un réseau de surveillance partagé, ainsi que des règles de confidentialité des informations, les compagnies pétrolières pourraient ainsi apporter leur contribution à la sécurité maritime du Golfe de Guinée».

(1) En 2013, le nombre d’attaques de pirates dans le Golfe de Guinée a atteint 169, contre 56 en 2010 (Source: Ministère français des Affaires étrangères et du Développement international)
(2)www.sargos.eu/

Note : cet article a fait l’objet d’une publication dans le n° 1835 de la revue«Pétrole et Gaz Informations»(mars-avril 2015).

Source: Petrole et Gaz