Edito d’Eve RAYMOND, Directrice du développement international

La pandémie liée au COVID-19 a profondément affecté le fonctionnement de nos sociétés et plus particulièrement des activités maritimes. La baisse spectaculaire de la demande internationale, la rupture des chaines d’approvisionnement, les difficultés logistiques, les restrictions aux déplacements, un contexte international complexe (Brexit, relations commerciales internationales sous tension, actes de piraterie en perpétuel augmentation, coût de la matière première fluctuante) nous obligent aujourd’hui à modifier et à penser autrement l’international. Si les crises sont toujours révélatrices de nos forces et de nos faiblesses, déclencheurs de transformations majeurs, elles sont aussi sources de nouvelles opportunités. Il faut donc y répondre rapidement mais de façon adaptée. Si nous savons tous que la commande publique jouera un rôle majeur dans la relance et notamment dans l’accompagnement à l’export, la nécessité pour notre pays et son indépendance, d’avoir et de garder des industries et des savoir-faire stratégiques, est apparu clairement. Il en est de même pour la diversification des approvisionnements et le repositionnement de nos productions industrielles. Pour relever ce défi, je suis persuadée que l’innovation est une solution.

Selon un rapport de l’OCDE de 2017, la valeur totale des principaux actifs océaniques dépasse 24 000 milliards de dollars avec une économie bleue représentant plus de 1 500 milliards de dollars. Selon ce même rapport et d’ici à 2030, le poids des activités économiques marines et maritimes devraient dépasser 3 000 milliards de dollars. Les innovations nécessaires à la transformation de l’économie bleue avec comme objectif son doublement à l’horizon 2030 ne pourront se faire qu’avec les acteurs des écosystèmes. Pour cela, la France a une force incontestable qui est la puissance de ses écosystèmes animés, entre autres par les Pôles de Compétitivité. Dès le début de la crise, les Pôles Mer, ont conduit une réflexion s’inscrivant dans l’établissement des plans de relance régionaux, national et européen avec comme fil rouge l’innovation génératrice de croissance et d’emplois. Nous avons fait des propositions qui sont des solutions concrètes et qui intègrent une dimension forte sur la transition écologique et la transformation numérique afin de générer un impact positif à court terme, un à deux ans.

Dix secteurs durement touchés ou avec un fort potentiel de croissance ont été ciblés dont les énergies marines renouvelables, la pêche, la transition écologique des navires, l’aquaculture, la qualité de l’eau et des milieux côtiers, la valorisation, la commercialisation des produits de la mer, les activités en mer et la préservation de la biodiversité, la décarbonation des activités maritimes avec le passage à l’hydrogène, la cyber sécurité et les capteurs et vecteurs à fonctionnalités duales environnement/sécurité.

Sur chacun de ces secteurs, des propositions concrètes ont été faites. Elles doivent permettre, si elles sont mises en place rapidement, de relancer et redynamiser les activités économiques tout en saisissant l’opportunité de les faire évoluer vers plus de considération écologique et plus de numérique. Elles sont applicables à l’ensemble du territoire et au-delà. Elles visent également à relocaliser, voire renforcer l’excellence de certaines industries – H2 (hydrogène), éolien flottant, green and smartship, capteurs et robotique -, sur notre territoire. Mais pour réussir, la solidarité et les collaborations entre acteurs seront essentiels. Au niveau industriel, il sera nécessaire d’amplifier l’innovation à travers la dynamique et la résilience des grands groupes /ETI et leurs effets d’entrainement sur les PMEs. Il sera aussi primordial de renforcer les liens entre académiques et industriels dans une logique de projets collaboratifs.